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Agriculture

Avant de dépenser gros pour s’installer, des terres prêtées aux jeunes maraîchers qui veulent s’essayer

Pas toujours facile de trouver des terres pour les jeunes agriculteurs qui veulent s’installer. A l’agropole du Marault à Magny-cours (Nièvre), un espace test permet aux jeunes de s’essayer au métier.

Le retour à la terre a le vent en poupe ! Mais l’installation demande des investissements lourds. En maraîchage, en culture et encore plus dans l’élevage, se lancer demande plusieurs années et un long travail.

Dans le sud de la Nièvre, l’Agropole du Marault offre un nouvel espace-test à ceux qui sont tentés pas un changement de vie pour s’essayer au métier avant de se faire le grand saut. Dans sa serre, ou plutôt celle qui a été construite pour l’accueillir, James Radenne met en terre ses plants de tomates. Le jeune maraîcher est arrivé sur cette parcelle de Magny-Cours en début de printemps. “Ils me mettent à disposition les terrains, la serre, l’irrigation, le forage, du matériel. La grosse partie de l’investissement quand on installe une exploitation agricole, les premières années, ce n’est pas à moi de les faire.” Un tel investissement lui aurait couté entre 70 000 et 100 000 euros estime le jeune homme, auxquels il faut ajouter le matériel. Là, il est financé par le département de la Nièvre pour cultiver en serre.

3 ans pour se décider

A l’espace test, le jeune maraîcher est accueilli pour un an reconductible à 2 reprises. Dans 3 ans si tout va bien, il aura le choix : tout arrêter, s’installer ailleurs ou s’installer sur le site. Dans cette dernière option, il lui faudra racheter le matériel. Dans le cas contraire, il sera mis à la disposition d’un nouveau candidat.

L’espace test, c’est donc un espace pour tester sa vocation sans avoir de prêt à rembourser en cas de renoncement. C’est aussi l’occasion d’expérimenter différents modes de culture. “J’ai envie de créer un écosystème où ma production sera la moins impactée possible par les ravageurs de culture ou les maladies, explique James Radenne. Cette phase d’espace test permet de voir s’il y a un début de quelque chose d’ici 3 ans et s’il faut continuer sur cette voie, ou si il faut plutôt aller vers le système de production bio traditionnel.”

Les légumes, la gestion, la vente et le reste

L’outil permet aussi aux candidats à l’installation de prendre conscience de la complexité et la diversité du métier : des problèmes de raccordement électrique des serres jusqu’à la gestion de la comptabilité, en passant par la vente des produits. Pour James, l’objectif est bien de “monter une clientèle pour avoir une assise économique un peu plus importante” avant de lancer de plus gros investissements pour son installation. Les premiers légumes de James devraient sortir de terre d’ici l’été. Le maraîcher vise ensuite 2022 pour une saison complète, qui lancera véritablement son activité.

L’espace-test du Marault s’intègre à l’”Agropole”, un ensemble créé par le département de la Nièvre et dédié à l’expérimentation. Sur 25 hectares, des parcelles sont mises à disposition d’agriculteurs ou de différentes structures pour des essais agricoles. A côté des serres de James, d’autres expérimentations ont lieu sur les grandes cultures ou de l’élevage. A terme, le Marault sera aussi une vitrine, pour vendre la production ou échanger avec le grand public. “Le site a vocation à être visité, explique Raphael Sotty, responsable de l’association Agripôle du Marault qui gère les lieux. Permettre de sensibiliser les écoles, les élus, les habitants du territoire, aux enjeux auxquels font face les agriculteurs et aux alternatives qu’ils mettent en place pour y répondre. Tant sur le volet culture, l’élevage ou le maraichage.”

“C’est bien ces jeunes qui arrivent, mais est-ce qu’ils vont tenir le coup ?”

Denis Sanchez, éleveur

L’agripole du Marault n’est pas le premier en la matière. La ville de Nevers à la Baratte, le lycée agricole de Château-Chinon ou en Bourgogne, l’association Semeurs du possible se sont déjà lancées. Une partie d’entre elles se regroupent autour du réseau Reneta (Réseau National des espaces-test agricoles) .

Solution pour les jeunes “hors cadre agricole”

Une solution à développer selon Denis Sanchez, élu à la chambre d’agriculture et membre de la confédération paysanne. D’autant plus que de nouveaux venus se montrent tentés par un retour à la terre. “Par rapport au malaise social global, l’agriculture doit encore faire gamberger certains qui recherchent un sens de vie, remarque l’éleveur de Varennes-Vauzelle. C’est bien ces jeunes qui arrivent, mais est-ce qu’ils vont tenir le coup ? s’interroge Denis Sanchez qui voit dans les espaces-test “la solution la plus juste pour qu’il voient ce qu’est ce métier”. Il y a 30 ans, lui-même s’est installé “hors cadre agricole”, comprenez sans être issu d’une famille de paysans.

Il note quand même certaines limites à l’exercice, notamment le besoin d’une formation initiale en agriculture. “En maraîchage, il y a peut-être eu des installations précipitées” reconnait Denis Sanchez. Il émet également des réserves sur l’implication des collectivités et de l’argent public dans le processus. L’éleveur encourage en revanche les professionnels à laisser une place à de jeunes candidats. Lui-même accueille son fils sur l’exploitation. Peut-être la preuve que l’installation hors cadre familial ne reste pas si facile.

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